Anthologie de documents sur la Découverte de l'Amérique et sur les Guerres d'Indépendance


La découverte de l’Amérique


Document 1 : Amérique, gravure de Jan van der Straet (XVI° siècle)





Document 2 : Découverte de l’Amérique, gravure de Théodore de Bry (XVI° siècle)





Document 3 : Extrait de la Lettre de Christophe Colomb sur la découverte
du Nouveau Monde


Comme je sais que cela doit vous être agréable, j’ai résolu d’écrire le récit de la conquête, afin que vous connaissiez les détails de notre voyage, de nos exploits et de nos découvertes. Trente-trois jours après avoir quitté Cadix, je suis entré dans la mer des Indes où j’ai trouvé plusieurs îles remplies d’habitants. Après y avoir fait faire une proclamation solennelle, et y avoir déployé nos drapeaux, j’en ai pris possession au nom de notre roi très-heureux sans que personne ne s’y soit opposé. […]
Cette Johanna et toutes les îles du même groupe sont extrêmement fertiles. Johanna est entourée d’un grand nombre de ports excellents et étendus. Je n’en vis jamais que je puisse leur comparer. Beaucoup de rivières très-grandes et très-salubres la traversent. On y trouve aussi beaucoup de hautes montagnes. Toutes ces îles en un mot sont très-belles, d’un aspect différent, commodes aux voyageurs. Elles sont remplies d’arbres très-variés et s’élevant très-haut dans l’espace. Je crois qu’ils ne sont jamais dépouillés de leurs feuilles ; car je les ai vus verts et beaux comme le seraient au mois de mai, en Espagne, les arbres de notre pays. Les uns donnent des fleurs, les autres des fruits, et tous déploient leurs avantages particuliers. Le rossignol et d’autres passereaux de plumage différent et en nombre prodigieux, font entendre leur ramage. Tel est le spectacle dont j’ai joui au mois de novembre dans cette excursion. Dans la dite île Johanna, j’ai remarqué aussi sept à huit espèces de palmiers, dont la majesté et la beauté, ainsi que tous les autres arbres, les plantes et les fruits, surpassent facilement les nôtres. Des pins admirables, de vastes prairies, des champs non moins vastes, différents oiseaux, des fruits ou miels différents (varia mella), des métaux différents, à l’exception du fer, font la richesse de cette île. Dans l’île que j’ai nommée Hespanuola (Saint-Domingue) et dont j’ai parlé ci-dessus, on trouve beaucoup de belles montagnes ; les champs, les forêts y sont vastes, les terres fertiles, soit pour la culture, soit pour les pâturages, et sont excellentes pour la construction. […]
En outre, cette dite île Hespanuola abonde en différentes espèces d’aromates, en or et en métaux; les habitants des deux sexes de cette île, comme ceux des autres îles que j’ai visitées ou dont j’ai entendu parler, sont toujours nus et tels qu’ils sont venus au monde. Quelques femmes cependant couvrent leur nudité d’une feuille ou de quelque feuillage, ou d’un voile de coton qu’elles ont préparé pour cet usage. Tous manquent de fer comme’ je l’ai dit ; ils manquent aussi d’armes ; elles leur sont inconnues pour ainsi dire ; et d’ailleurs ils ne sont point aptes à en faire usage, non par la difformité de leur corps, car ils sont bien faits, mais parce qu’ils sont timides et craintifs. Au lieu d’armes, ils portent des roseaux durcis au soleil, et aux racines desquels ils adaptent une espèce de lame de bois sec, terminée en pointe. Ils n’osent même s’en servir, car il arriva souvent que députant deux ou trois hommes vers quelques-unes de leurs bourgades afin de conférer avec eux, une foule d’Indiens sortaient, et dès qu’ils voyaient que les nôtres s’approchaient d’eux, ils prenaient promptement la fuite, au point que les pères abandonnaient leurs enfants, et réciproquement, quoiqu’on ne leur fît aucun mal. Cependant ceux que j’ai pu aborder, et avec lesquels j’ai pu échanger quelques paroles, je leur donnais des étoffes ou beaucoup d’autres choses sans qu’ils me donnassent autre chose en échange ; mais, je le répète, ils sont naturellement craintifs et timides. Toutefois, quand ils se croient en sûreté, quand la crainte a disparu, alors ils se montrent simples, de bonne foi, et très-généreux dans ce qu’ils ont. Aucun d’eux ne refuse ce qu’il possède à celui qui le lui demande. Bien plus, ils nous invitaient à leur demander. Ils ont pour tous une grande affection,, se plaisent à donner beaucoup pour recevoir peu, se contentent de la moindre bagatelle et même de rien du tout. J’ai ’ai défendu qu’on leur donnât des objets d’une trop mince valeur, ou tout à fait insignifiants, comme des fragments de plat, d’assiette, de verre ; ceux qui recevaient des clous, des lanières pensaient être en possession des plus beaux bijoux du monde. […]
Ces populations ne sont point idolâtres ; loin de là, ils croient que toute force, toute puissance, tous les biens se trouvent dans le ciel ; ils croient même que j’en suis descendu avec mes vaisseaux et mes matelot ; et c’est ainsi qu’après avoir banni toute frayeur, nous avons été les bien venus parmi eux. Ils ne sont ni paresseux ni grossiers, ils sont au contraire spirituels et intelligents. Ceux qui naviguent sur cette mer font des récits de tout ce qui a excité leur, étonnement, mais ils n’avaient jamais vu des peuples vêtus comme nous, ni des vaisseaux comme les nôtres. […]
Enfin, pour abréger le récit de mes découvertes depuis mon départ et mon retour, je promets à nos rois invincibles, qui m’ont accordé un petit secours, que je leur donnerai autant d’or qu’ils en auront besoin,, autant d’aromates qu’ils le désireront, ainsi que du coton et de la gomme, qu’on n’a trouvés seulement que dans la Chine ; je leur fournirai, en outre, autant de bois d’aloès, autant d’esclaves....... qu’ils en exigeront ; enfin de la rhubarbe et autres espèces d’aromates, qu’on a trouvées ou que pourront trouver par la suite les hommes que j’ai laissés dans la citadelle, car, après être resté dans la ville de la Nativité pour diriger sa fondation, celle de la forteresse et mettre tout en sûreté, je n’ai différé mon retour en Espagne qu’autant que les vents m’y ont forcé. […]
Que le roi, la reine, les princes, leurs sujets et toute la chrétienté rendent avec moi des actions de grâce à notre sauveur Jésus-Christ, qui nous a favorisés, en nous mettant à même de remporter une victoire si grande, et d’en recueillir les fruits. Que des processions, que des sacrifices solennels soient faits ; que les églises se décorent de feuillages ; que Jésus-Christ tressaille de joie sur la terre comme dans les cieux, puisque tant de peuples, auparavant damnés, vont être sauvés. Réjouissons-nous aussi du triomphe de la foi catholique et de l’accroissement des biens temporels auxquels l’Espagne et toute la chrétienté vont prendre part. Tel est le récit sommaire que je vous adresse. Adieu.

Christophe Colomb,
Amiral de la Flotte océanique.





Document 4 : Extrait de La controverse de Valladolid, de Jean-Claude Carrière,
Ed. Pocket 4689, pp.48-57

Après quoi, il donne la parole à Las Casas. […]
- Je vais droit au fait, dit-il, car à chaque minute qui passe plusieurs dizaines de malheureux, là-bas, sont exterminés. Si nous avons une chance de leur venir en aide, il faut aller vite.
- Mais sans abréger la vérité, dit le légat.
Las Casas hoche la tête et, saisissant au bond le mot " vérité ", qu'il a lui-même déjà prononcé deux fois, il reprend :
- Oui, c'est la vérité, nous sommes en train de les détruire. Depuis la découverte et la conquête des Indes, les Espagnols n'ont pas cessé d'asservir, de torturer et de massacrer les Indiens. […]
- Depuis les tout premiers contacts, les Espagnols n'ont paru animés et poussés que par la terrible soif de l'or. C'est tout ce qu'ils réclamaient : De l'or ! De l'or ! Apportez-nous de l'or ! Au point qu'en certains endroits les habitants des terres nouvelles disaient : Mais qu'est-ce qu'ils font avec tout cet or ? Ils doivent le manger ! Tout est soumis à l'or, tout ! Comme s'il s'agissait d'un dieu nouveau ! Aussi les malheureux Indiens sont-ils traités depuis le début comme des animaux privés de raison.
 Il saisit un de ses dossiers, semble vouloir l'ouvrir, puis le repose. Il va au hasard, pour commencer. Il préfère parler sans notes.
- Cortés, lors de la conquête, les marquait au visage de la lettre G, au fer rouge, pour indiquer qu'ils étaient esclaves de guerre. On a tenté d'abolir cette atroce coutume, mais aujourd'hui encore, en certains endroits, on les marque du nom de leur propriétaire sur le front, sur les joues. Quand ils passent d'un propriétaire à l'autre, on les marque, encore et encore. Ces marques s'accumulent sur leurs visages, qui deviennent comme du vieux papier.
Il fait un geste et Ladrada saisit quelques dessins dans un dossier. Ces dessins, faits d'après nature, représentent des visages d'Indiens, marqués de plusieurs signes. […]
- Dès le début on les a jetés en masse dans des mines d'or et d'argent, et là ils meurent par milliers. Encore aujourd'hui. Une effroyable puanteur se dégage de ces mines, qui sont pires que l'enfer, noires et humides. Les puits sont survolés par des troupes d'oiseaux charognards si innombrables qu'ils masquent le soleil ! […]
Après quoi le légat reprend la parole ;
- Frère Bartolomé, je vous le répète, vous nous parlez de la triste misère de la guerre, qui est commune à tous les peuples, mais ici ce...
Las Casas se permet alors d'interrompre le cardinal.
- La guerre ? Quelle guerre ?
Il quitte sa table et s'avance. Son émotion devient très vive et très visible.
- Ces peuples ne nous faisaient pas la guerre ! Ils venaient à nous tout souriants, je visage gai, curieux de nous connaître, chargés de fruits et de présents ! Ils ne savaient même pas ce qu'est la guerre ! Et nous leur avons apporté la mort ! Au nom du Christ ! […]
Il revient au centre de la salle et raconte :
- Une autre fois, Éminence, toujours à Cuba, on s'apprêtait à mettre à mort un de leurs chefs, un cacique, qui avait osé se rebeller, ou protester, et à le brûler vif. Un moine s'approcha de l'homme et lui parla un peu de notre foi. Il lui demanda s'il voulait aller au ciel, où sont la gloire et le repos éternels, au lieu de souffrir pour l'éternité en enfer. Le cacique lui dit : Est-ce que les chrétiens vont au ciel ? Oui, dit le moine, certains d'entre eux y vont. Alors, dit le cacique, je préfère aller en enfer pour ne pas me retrouver avec des hommes aussi cruels ! […]
- Éminence, dit-il, les chrétiens ont oublié toute crainte de Dieu. Ils ont oublié qui ils sont. Oui, des millions ! Je dis bien des millions ! À Cholula, au Mexique et à Tapeaca, c'est toute la population qui fut égorgée ! Au cri de " Saint Jacques ! ". Et par traîtrise ! En faisant venir d'abord les seigneurs de la ville et des environs, qu'ils enfermèrent au grand secret, pour qu'aucun d'eux ne pût répandre la nouvelle. Après quoi on convoqua cinq ou six mille hommes que les Espagnols avaient requis pour porter leur bagage. Ils arrivent, maigres et nus, soumis, pitoyables, on les fait asseoir par terre et soudain, sans aucune raison, les Espagnols se lancent sur eux et les assassinent, à coups de lance, à coups d'épée !
- Mais pour quelle raison ? demande le comte Pittaluga, qui n'a pas levé la main pour demander l'autorisation de parler.
- Sans aucune raison ! Ces hommes venaient pour les aider ! Le massacre dura trois jours. Trente mille morts ! Les Indiens survivants s'étaient réfugiés sous le tas de cadavres. A la fin, ils sortaient en rampant, couverts de sang. Ils pleuraient, demandaient la vie sauve ! Mais les Espagnols les exterminaient tandis qu'ils sortaient. Pas un seul ne resta vivant. Et il en fut de même pour les seigneurs qu'on avait enfermés. Tous brûlés vifs. Le capitaine espagnol chantait une chanson où il était question de Néron. Je ne me rappelle plus les paroles.
- Vous n'étiez pas à Cholula ? dit le légat.
- Non, je ne suis venu que plus tard. Mais plusieurs témoins m'ont tout raconté.
Un des assistants lève la main et demande :
- Comment un pareil massacre était-il possible ? Les autres ne se défendaient pas ?
- Ils étaient pris par surprise. Ils ne comprenaient pas qui nous étions, ni ce que nous voulions. Ils regardaient avec étonnement les Espagnols qui les frappaient. Et puis, vous le savez, ils n'avaient pas d'armes comme les nôtres. Ni de chevaux. Qui sait ? Peut-être pensaient-ils que cette mort qui les frappait, sans aucune raison humaine, n'était pas une mort réelle, n'était qu'une apparence de mort ? Qu'il s'agissait d'un jeu mystérieux et magique, apporté par des étrangers aux pouvoirs immenses, que ce sang versé allait subitement revenir dans leurs veines, que les cadavres allaient se relever, marcher et rire ? Cholula, c'était au début. Ils ne nous voyaient pas encore tels que nous sommes. Leur premier, leur plus grand malheur fut de croire à notre parole.




Les guerres d’Indépendance

Document 4 : Extrait du Manifeste aux habitants d’Oruro, de Juan Vélez de Cordoba (1739)

Manifeste où sont exposées les raisons des Créoles illustres de notre royaume du Pérou, aussi bien Espagnols (américains) que pauvres Indiens naturels, nous qui, bien qu'étant les uns et les autres les seigneurs légitimes de ce pays, devons vivre dans la tyrannie, l'oppression et l'insécurité à peine moindres que celle des esclaves. Pour les raisons susdites et peut-être en finir avec un pareil esclavage, pour donner la force du courage et inciter à secouer le joug, il est proposé ce qui suit :
1. Il est bien connu que le Souverain Pontife Alexandre VI a permis aux Rois Catholiques de semer le grain des Saints Évangiles dans ces royaumes et de les convertir pour les amener au giron de notre Sainte Mère l'Église. Mais à peine arrivés, la cupidité rendit les Espagnols tyranniques, ils égor­gèrent les rois naturels de ces royaumes, les dépouillant non seulement de leurs vies mais aussi de toutes leurs richesses et du pays même avec tout ce qu'il produit.
2. Non contents de ce qui a été dit précé­demment, les Espagnols oppriment telle­ment les pauvres naturels qu'outre le paie­ment annuel de lourds tributs, ils obligent tous les ans dix mille Indiens à des corvées personnelles dans les mines de Potosi et de Huancavelica d'où il résulte que ces mal­heureux ne peuvent jouir ni de leur propre vie, ni de leur femme, ni de leurs biens, ni de leur bétail, car ils sont obligés de tout abandonner par la force et meurent pour la plupart sous un climat aussi rigoureux, lais­sant leurs enfants orphelins, leurs pauvres femmes veuves, tandis que leur bétail se perd, que leurs maisons restent à l'abandon et que leurs villages tombent en ruine.
3. Ajoutons à tout cela que lorsque les guampos (les Espagnols métropolitains) arrivent dans notre pays, sans rien d'autre que ce qu'ils ont sur le dos, ils nous exploi­tent d'une façon telle qu'ils nous sucent le sang et nous prennent tout, ne nous laissant que les yeux pour pleurer, alors que parmi eux le plus honoré est celui qui vole le plus et tyrannise le plus. Comme la possibilité de recours est si lointaine et comme les Audiences qui devraient protéger le faible, loin de remplir leur mission, favorisent les injustices et préfèrent défendre leurs propres intérêts, le pauvre gémit et pleure sans aide ni secours humain.
4. Pour preuve de ces dires, que l'on consi­dère toutes les innovations qui apparaissent chaque jour pour soutirer de l'argent, par exemple l'idée de recenser les Créoles et les Métis pour leur faire payer le tribut des In­diens. Tel a été le cas à Cochabamba. Comme les Créoles se sont opposés à une prétension aussi injuste, il y a eu des gibets et des morts, les pauvres ont été détruits avec en plus les moqueries et la dérision dont les Espagnols sont coutumiers à l'égard des Créoles qu'ils dénigrent et méprisent, ainsi qu'on l'a vu à propos du don gratuit qui vient d'être exigé et qui res­tera définitivement tel un véritable tribut, si messieurs les Créoles n'y prennent garde à temps. Or, l'occasion présente est la plus appropriée que l'on puisse souhaiter. Les raisons en sont exprimées plus loin et l'auteur demande à messieurs les Créoles et aux caciques nos frères de les lire avec quelque attention afin qu'ils s'efforcent de retrouver par tous les moyens possibles la liberté bien aimée. La première est la suivante :
Premièrement, comme il y a parmi nous aujourd'hui un représentant au cinquième degré du sang royal de nos Incas du Grand Cuzco, bien décidé à restaurer et à rétablir de nouveau cette monarchie, il est instamment demandé aux Créoles, aux caciques et à tous les naturels de lui prêter leur concours pour une action aussi héroïque de restauration et de libération de la patrie en la purgeant de la tyrannie des guampos qui consument notre pays et le mènent un peu plus chaque jour à la ruine.
Deuxièmement, il promet aux Créoles espagnols de leur donner les emplois, aux naturels de les délivrer des tributs et des mitas, afin qu'ils puissent jouir en toute quiétude de ce que Dieu leur a donné et qu'ils s'approprient des produits que leur ont imposés les corregidors, dont le nom tyrannique sera effacé de notre république.
Troisièmement, pour ce faire, il se trouve qu'en Europe le roi d'Espagne est en guerre contre le Portugal et l'Angleterre et, que dans ce pays, les navires sont occupés par la flotte de Portobelo. Lima est de ce fait sans armes et l'occasion est donc la plus propice que l'on puisse imaginer. Aussi, messieurs les Créoles, mes frères, mes chers caciques et mes naturels bien-aimés, au travail, puisque la justice et la faveur de Dieu Notre Seigneur sont de notre côté et doivent nous protéger dans une entreprise aussi juste ! Je précise d'autre part à tous et à chacun que mon intention n'est pas ni ne sera jamais de m'opposer à la très sainte loi de Notre Seigneur Jésus-Christ, ni de m'écarter ou de permettre que personne ne s'écarte du peuple de la Sainte Église. Au contraire, je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour qu'elle prospère. Je ne permettrai pas que l'on profane les temples de Dieu ni les demeures sacrées ; au contraire, je les ferai vénérer comme elles le méritent et comme nous autres chrétiens avons obligation de le faire. Mon unique intention est de rétablir le Grand Empire et la Monarchie de nos anciens rois. Je garde pour chacun d'entre vous personnellement bien d'autres raisons que je ne puis confier à la plume. Je préviens tous nos frères qu'ils seront tous bien traités et payés d'avance. Pour ma part, je n'aurai que la gloire de les avoir libérés tous d'une pareille tyrannie. Je ne signe pas ce papier pour ne pas prendre de risques. Nos Créoles pourront lui donner leur assentiment et croire celui qui le porte qui est des nôtres. Que Dieu vous garde et vous donne la force que je souhaite, ainsi que le succès de cette entreprise.






Document 5  Grito de Dolores, Mural de Juan O'Gorman, Museo Nacional de Historia, Ciudad de México, México



 
Document 6 : Bolivar le libérateur, vidéo d’EDITIVA et la Fondation ARRAIZ,
de 0:00 à 02:23[1]



Bolívar el libertador
Simón Bolívar, quien vivió solo 47 años, dirigió las guerras independentistas de Venezuela, Colombia, Perú, Ecuador y creó a Bolivia.
Mundialmente se le valora como a uno de los militares más brillantes de todos los tiempos, redactor de constituciones y proyectos de leyes, varias veces presidente, nacido en rica cuna y muerto pobre, declinó la posibilidad de declararse emperador, y el titulo que siempre prefirió fue el de “Libertador”.
                                                                                              La biografía de Simón Bolívar.



Bolivar le libérateur
Simon Bolivar, qui ne vécut que 47 ans, a dirigé les guerres d’indépendance du Venezuela de la Colombie, du Pérou de l’Équateur et il a crée la Bolivie.
Il est célébré mondialement comme l’un des militaires les plus brillants de tous les temps, rédacteur de constitutions et de projets de lois, maintes fois président, né dans une famille bourgeoise et mort dans la pauvreté, il a refusé la possibilité de devenir empereur, et le titre qu’il a toujours préféré fut celui de « Libérateur ».
La biographie de Simon Bolivar.




[1] Possibilité de regarder la vidéo sur le site: http://www.youtube.com/watch?v=HSWfh1mefB8



Document 7 : Extrait du Discours d’Angostura de Simon Bolivar (1819)


            Quand l’Amérique se sépara de la monarchie espagnole, elle se trouva dans une situation semblable à celle de l’empire romain quand cette énorme masse se démembra en croulant au milieu du monde Antique. Chaque fragment forma alors une nation indépendante, selon la situation et les intérêts en jeu, mais-notons cette différence-chaque pays rétablit ses premières traditions. Nous autres, nous ne conservons pas même les vestiges de ce qui fut jadis : nous ne sommes ni Européens, ni Indiens, mais une espèce intermédiaire entre les aborigènes et les Espagnols. Américains par la naissance et Européens par nos droits , il nous faut disputer aux naturels les titres de possession et nous maintenir contre l’envahisseur dans le pays qui nous vit naître : cas à la fois singulier et complexe. Mais il y a plus : nous sommes toujours demeurés dans la passivité absolue. Notre vie politique a toujours été nulle. Et nous nous trouvons d’autant plus embarrassés pour parvenir à la liberté, que onus étions placés à un degré inférieur à celui de l’esclave lui-même. Car on ne s’était pas borné à voler notre liberté, mais nous étions dépouillés de toute autorité active dans nos affaires domestiques. Permettez-moi d’expliquer ce paradoxe. Dans le régime absolu le pouvoir qui s’appuie sue l’autorité ne connaît pas de limites. La volonté du despote est la loi suprême, que les sous-ordres participant à l’oppression organisée appliquent arbitrairement en raison de l’autorité dont ils jouissent : ils ont à charge les fonctions civiles, politiques, militaires et religieuses. Mais enfin les satrapes de la Perse sont persans. […]
            Le peuple américain, soumis au triple joug de l’ignorance, de la tyrannie et du vice, n’a pu acquérir no savoir, ni pouvoir, no vertu. Disciples de maîtres aussi pernicieux, nous avons reçu les leçons, étudié les exemples les plus funestes. On nous a dominé plus par la tromperie que par la force, et l’on nous a dégradés par le vice plus encore que par la superstition. L’esclavage est l’enfant des ténèbres. Un peuple ignorant est l’instrument aveugle de sa propre ruine. L’ambition, l’intrigue abusent de la crédulité et de l’inexpérience d’hommes dépourvus de toutes connaissances politiques, économiques ou civiles, et qui tiennent pour des réalités de pures illusions, qui prennent la licence pour la liberté, la trahison pour le patriotisme, la vengeance pour la justice. […]
            Un peuple perverti, s’il parvient à conquérir sa liberté, ne tarde pas à la perdre. En vain s’efforcera-t-on de lui démontrer que le bonheur consiste dans la pratique de la vertu, que l’empire des lois est pus puissant que celui des tyrans, puisqu’elles sont inflexibles, et que tout doit se soumettre à leur bienfaisant rigueur. En vain lui prouverez-vous que les bonnes mœurs, et non la force, sont les colonnes des lois, que l’exercice de la justice se confond avec celui de la liberté. Ainsi donc, législateurs, votre entreprise est d’autant plus ardue qu’il vous faut constituer en société des hommes pervertis par les illusions de l’erreur et poussés par des mobiles pernicieux. La liberté, dit Rousseau, est une nourriture succulente, mais d’une digestion difficile. Nos faibles concitoyens devront fortifier longtemps leur esprit avant de parvenir à digérer la saine nourriture de la liberté. Quand leurs membres sont engourdis par les chaînes, leur vue affaiblie par l’ombre des cachots, et leur volonté annihilée par les pestilences de l’esclavage, comment pourraient-ils être capables de marcher d’un pas ferme vers l’auguste temple de la liberté, d’en admirer de près les splendeurs éblouissantes, et de respirer sans oppression l’air pur qui règne à ces hauteurs ?